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Interview de Jean-Patrick Mousset, responsable de l’allocation d’actifs au sein de la Banque Transatlantique.
Le mouvement récent de hausse des taux et la chute des marchés obligataires de cet été ont rappelé que la politique de taux zéro menée par les banques centrales après la crise de 2008 touche à sa fin. Mais, une fois la poussée inflationniste post-Covid derrière nous, à quels niveaux s’établiront les taux d’intérêt ?
La question est primordiale, car le niveau auquel s’établiront les taux aura un impact sur la valorisation de toutes les classes d’actifs. À la base de cette question est ce qu’on appelle le concept de taux neutre.
Qu’est-ce que le taux neutre ?
C’est un taux d’intérêt, qui équilibre les investissements d’une part et l’épargne d’autre part, dans une économie assurant le plein-emploi, sans tension inflationniste, ni déflationniste.
Les trois décennies précédant la pandémie ont été marquées par un déclin de ce taux neutre. Selon les estimations de la Fed de New York, les taux d’équilibre réel (hors inflation) dans les pays développés dans les années 90 s’établissaient autour de 3%.
Mais plusieurs tendances structurelles ont depuis pesé sur les taux d’intérêt réels :
- le ralentissement de la croissance économique potentielle
- la proportion grandissante de retraités rapportée à la population active.
Et le désendettement des acteurs économiques à la suite de la grande crise financière de 2008 a plus encore entraîné une baisse de ce taux dans les années 2010. Juste avant la pandémie, on l’estimait à un niveau proche de 0%. Dès lors, pour relancer les économies dans cet environnement de taux très faibles, les banques centrales devaient avoir recours à d’autres outils que la baisse des taux, comme l’assouplissement quantitatif en injectant davantage de liquidités.
Sommes-nous aujourd’hui dans le même environnement que dans les années 2010 ?
Il n’est plus question aujourd’hui d’essayer de soutenir la demande pour lutter contre le risque de baisse des prix, ni même d’injecter des liquidités. En effet, la demande, notamment en service, est bien supérieure à l’offre. Le marché du travail reste tendu et l’inflation est toujours élevée. En augmentant leurs taux directeurs au-dessus du taux neutre, les banques centrales cherchent à freiner la demande et donc l’activité économique. Ce taux d’équilibre reste cependant un concept théorique et difficile à mesurer.
Selon les modélisations de la Fed, il a cru depuis la pandémie et pourrait continuer à croître en raison de :
- L’essor de l’intelligence artificielle qui augmente la productivité,
- du vieillissement de la population qui s’accélère et réduit les réserves d’épargne,
- de la transition écologique qui nécessite des besoins en investissements colossaux.
De plus, depuis le Covid, les États ont accru leur endettement. Les émissions de dette, elles, sont de moins en moins souscrites par les banques centrales, et de plus en plus par l’épargne privée. Cela évince le financement de projets d’investissement privés, sauf à offrir des rémunérations plus élevées et donc augmenter les taux.
Quant à l’inflation, elle devrait continuer à ressortir au-dessus du taux cible actuel de 2% des banques centrales. Les raisons en sont multiples :
- pouvoir de négociation renforcé de la main d’œuvre,
- relocalisation des chaînes de production liée au découplage entre la Chine et les États-Unis,
- augmentation du prix des matières premières alimentaires liés au changement climatique
- et enfin coûts liés à la transition énergétique.
Tous ces facteurs concordent à rehausser significativement le taux neutre en comparaison des niveaux très bas de la décennie 2010. Dans leur planification patrimoniale à long-terme, c’est donc un aspect que les investisseurs doivent prendre en compte.
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