Comment la hausse des taux d’intérêts impacte nos économies ?
Depuis un an, les banques centrales ont rehaussé leurs taux directeurs. Le mouvement est d’une ampleur sans précédent depuis 40 ans. Comment se transmettent ces hausses de taux à l’économie
réelle ?
L’objectif des banques centrales est de faire baisser l’inflation en ralentissant la croissance économique. Elles ont à disposition 4 mécanismes de transmission de leur politique monétaire
à l’économie réelle : la confiance, les taux de change, le prix des actifs et l’impact des taux d’intérêts sur le crédit et l’épargne.
Quel impact sur la confiance des ménages et des entreprises ?
Premièrement, les hausses de taux ont en théorie un effet direct sur la confiance des ménages et des entreprises. Une hausse des taux d’intérêt signale des temps plus difficiles à venir. Elle
est donc censée déclencher un mouvement auto-réalisateur de baisse des dépenses. Certes, en 2022, la hausse des taux a affecté les marchés. Mais elle n’a eu que peu d’impact sur la confiance
des consommateurs. Celle-ci dépendait davantage du niveau élevé de l’inflation. Par contre, si le marché du travail se dégrade en 2023, alors la confiance serait affectée.
Comment la hausse des taux d'intérêts affecte les taux de change ?
Deuxièmement, en augmentant les taux d’intérêt, une banque centrale renforce en théorie l’attractivité de sa devise. Elle affaiblit donc la compétitivité de ses biens à l’export. Cela pèse sur
la demande de biens et détériore la balance commerciale. En pratique, ce ne fut pas le cas en 2022. Les cycles de resserrement monétaire des banques centrales étaient très synchronisés. Les
taux de change ont donc été peu impactés, à l’exception peut-être du renforcement du dollar.
Quelle influence des taux directeurs sur les marchés financiers ?
Troisièmement, les taux directeurs influencent directement les marchés financiers. Ils déterminent les taux d’actualisation de flux futurs de trésorerie. Ils constituent aussi la référence
des taux de crédits immobiliers. Une baisse des marchés financiers et de l’immobilier diminue le patrimoine des ménages. Cela devrait peser en théorie également en retour sur la consommation
et l’investissement. En pratique, en 2022, on a bien constaté le 1er effet c’est-à-dire l’impact de la hausse des taux sur les marchés actions et obligataires. Le marché immobilier qui a
commencé à corriger dans un certain nombre de pays. Par contre, l’effet richesse, c’est-à-dire la baisse du patrimoine des ménages n’a pour l’instant pas affecté la consommation.
Quel impact sur le crédit et l’épargne ?
Enfin, et c’est le principal outil par lequel les banques centrales pèsent sur la croissance, il s’agit de l’impact des taux sur le crédit et l’épargne. D’une part, en rendant l’épargne
plus rémunératrice, la hausse des taux de dépôts favorise les comportements d’épargne plutôt que de consommation. D’autre part, des taux plus élevés rendent les financements d’achat immobiliers
ou automobile plus onéreux. Et la hausse des charges financières diminue le revenu disponible. On constate déjà que les déposants déplacent leurs avoirs vers des formes plus liquides d’épargne,
que la croissance du crédit chute, et que les activités sensibles au crédit sont affectées et que les frais d’intérêts commencent à entamer les revenus disponibles. Cependant, certains pays en
zone euro, notamment, sont moins affectés, en raison de la prédominance de l’endettement à taux fixe plutôt qu’à taux variable.
En conclusion, si les hausses de taux ont moins d’impact que par le passé sur l’économie, alors face à une inflation persistante, les banques centrales devront maintenir leur taux plus élevés
plus longtemps, de façon à avoir un effet désinflationniste sur l’économie. Et comme la politique monétaire agit avec un temps de retard, les économistes estiment qu’environ les 2/3 de l’impact
du resserrement doit encore se faire sentir en 2023. Ce qui pourrait conduire à une récession malgré un début d’année très résilient.