Transcription de la vidéo
Horizon marchés : Comment prendre en compte le risque de change dans son portefeuille ?
Interview de Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.
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La forte hausse du dollar sur ses plus hauts niveaux historiques depuis 20 ans nous rappelle l’importance des variations de taux de change dans le portefeuille d’investissement.
Les taux de change peuvent être influencés par différents facteurs :
- 1/ différentiel de taux d’intérêt entre deux monnaies par exemple, les investisseurs ayant tendance à orienter leurs capitaux vers la monnaie la plus rémunératrice (compte à terme en devise par exemple ce qui est le cas pour le dollar aujourd’hui comme ce le fut au début des années 80). Par extension, l’attractivité économique d’une zone monétaire en termes d’opportunités d’investissement (comme ce fut le cas aux États-Unis à la fin des années 1990 avec l’attrait des valeurs technologiques) constitue aussi un facteur de renchérissement d’une devise. À contrario, des politiques monétaires très expansionnistes peuvent causer une forte dépréciation de la devise comme c’est le cas pour le Yen jusqu’à récemment.
- 2/ le déséquilibre de la balance commerciale d’une zone monétaire. Par exemple, l’Europe affiche aujourd’hui un déficit commercial lourdement impacté par la hausse du coût de l’approvisionnement en énergie.
- 3/ les cours des matières premières (et notamment du pétrole) qui affecte les devises des pays producteurs. Ainsi, certaines devises sont particulièrement sensibles à la conjoncture économique mondiale et à la demande de matières premières. On peut citer le dollar canadien, le dollar australien ou la couronne norvégienne.
- 4/ la stabilité d’une monnaie et son poids dans les échanges internationaux peuvent lui procurer le statut de devise refuge qui est recherché en période de crise. C’est le cas notamment du Dollar US mais du Franc Suisse et du Yen.
- 5/ enfin, de forts taux d’inflation peuvent entraîner une dépréciation de la devise. En théorie, si un bien identique se trouve disponible dans deux pays, son prix devrait être similaire. Si le prix de ce bien n’augmente que dans un seul pays du fait d’un taux d’inflation plus élevé, alors la devise de ce pays doit en toute logique se déprécier (ce qui fut le cas dans certains pays d’Amérique Latine)
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Pour un actif libellé dans une devise étrangère, l’impact de la variation du taux de change est direct : une hausse de la devise est bénéfique à sa valorisation dans son portefeuille quand on la convertit en euro.
Par contre, pour une action européenne, l’impact n’est pas aussi direct : il faut regarder à la fois les zones où l’entreprise génère son chiffre d’affaires mais aussi ses principales bases de coûts, de même que sa politique de couverture de change pour connaître au final, l’impact conjugué sur ses bénéfices.
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Pour un investisseur dont les dépenses courantes s’effectuent en euros, une exposition devise mineure peut s’avérer pertinente, au-delà de la simple diversification de portefeuille, si des opportunités d’investissement ne sont disponibles que dans une devise particulière : fonds alternatifs, fonds de private equity, dette émergente en devise locale, ...
Cependant, nous recommandons de ne pas s’exposer au risque de change à plus de 20% du patrimoine global à horizon court-moyen terme. À horizon de plus long-terme, on peut considérer d’augmenter cette proportion, partant du principe d’un retour à la moyenne des taux de change.
Si certains véhicules d’investissement peuvent être couverts du risque de change, cela supporte cependant un coût, en général proche de celui du différentiel de taux d’intérêt entre les deux zones. Cette faculté de couverture n’a donc d’intérêt que pour des investissements à perspectives de rentabilité élevé.
À très bientôt pour un nouveau point #HorizonMarchés.