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Interview de Nadja De Benedit, Directrice de la gestion obligataire chez Dubly Transatlantique Gestion.
Depuis plus d’un an, notre environnement obligataire a totalement changé, nous sommes passés d’un univers avec taux nuls, voire négatifs à un des resserrements les plus rapides et les plus agressifs depuis l’époque Volker dans les années 1980. Ce mouvement oblige les entreprises à s’interroger sur leur stratégie de croissance externe notamment.
La croissance externe pour une entreprise est le fait d’acheter, de fusionner avec une autre entité. Ces fusions-acquisitions permettent d’accroître son marché et/ou sa technologie. En période de taux d’intérêt bas, il est facile pour les acquéreurs de se financer et donc d’acheter. Mais qu’en est-il lorsque l’inflation s’invite et que les banques centrales mènent des politiques restrictives ?
Pourquoi une hausse des taux est-elle néfaste pour les fusions-acquisitions ?
Depuis 2022, les taux directeurs de la FED sont passés de 0 à plus de 5%. Même schéma pour la BCE qui est passé d’un taux directeur négatif à un taux de 4% en moins de 18 mois.
Les entreprises doivent composer avec des coûts de financement deux voire trois fois plus élevés qui entraînent donc une diminution drastique de leurs ambitions de croissance externe.
Illustration de cette tendance, la baisse de 37% du marché mondial des fusions-acquisitions en 2022 par rapport à 2021. Toutes les zones sont concernées : sur la même période -43% aux États-Unis, -27% pour l’Europe et -30% pour l’Asie-Pacifique
Et cette tendance semble se poursuivre et s’amplifier depuis le début de l’année avec un marché des fusions-acquisitions qui recule de 44% aux États-Unis à 490 milliards de dollars et de 57% en Europe à 198 milliards de dollars. Seule exception à ce marasme, la France qui profite d’opérations de croissance externe de premier ordre, avec le rachat de la branche logistique de Bolloré par CMA-CGM et la mainmise de Safran sur l’activité de commandes de vol de Raytheon.
Peut-on généraliser cela à tous les secteurs ?
Non. Le secteur de la technologie qui bénéficie de marges bénéficiaires élevées et dont la croissance est rapide, peut se permettre de poursuivre sa course à l’innovation et aux parts de marché malgré des taux de financement élevés. Ainsi, les transactions dans le domaine du software ont représenté les trois quarts de la valeur des transactions en 2022.
Même chose pour le secteur de la santé et des énergies renouvelables qui sont dans cette même logique d’innovation constante et donc de nécessaires croissance externe et interne.
Finalement, hausse de taux ne veut pas forcément dire absence de croissance externe ?
Absolument ! Malgré des taux élevés, des secteurs entiers et notamment ceux en lien avec ces nouvelles sources de croissance que représentent l’Intelligence Artificielle et la durabilité devraient continuer à alimenter le marché des fusions-acquisitions.
Les secteurs que je viens de citer disposent en outre d’importantes réserves de liquidités et les dernières secousses des indices boursiers ont abaissé la valorisation d’un certain nombre de cibles.
Quelle mise en perspective ?
En 2022, les fusions-acquisitions ont représenté 39% de moins que le chiffre record de 5 900 milliards de dollars de 2021, mais une baisse de seulement 10% par rapport à la moyenne 2015-2019. En fin de compte, la normalisation des niveaux de taux d’intérêt semble entraîner celle du marché des fusions-acquisitions, indépendamment des cycles du marché et des conditions de financement ; les secteurs stratégiques et non endettés devraient continuer à démontrer leur capacité à mettre en œuvre des stratégies de fusions-acquisitions très efficaces, créatrices de valeur pour les entreprises et leurs actionnaires.
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