Le bien-être au travail aide considérablement les salariés à accomplir le mieux possible les missions qui leur sont confiées. À cet égard, la crise sanitaire pourrait constituer un accélérateur du mouvement de responsabilisation qui se dessine au sein des entreprises.
C'était en 2008 à San Francisco. Envoyé en Californie pour y monter la filiale de Fabernovel, la société de conseil en numérique qui m’employait, j’ai assez vite réalisé qu’il ne serait pas facile pour un Frenchie de faire des étincelles dans ce domaine en terre américaine, du haut de mes 28 ans et avec un accent anglais pour le moins approximatif.
J'ai donc développé l’espace de coworking que nous avions lancé (Parisoma) et loué à des start-up les 200 m² d'espace dont nous disposions. Sur un principe qui à l'époque était en vogue dans le milieu des nouvelles technologies : je vous héberge gratuitement en échange d'une petite participation à votre capital.
Je suis sorti de cette aventure avec la confirmation d'une conviction qui m'habitait depuis un moment. Lorsque plusieurs entreprises travaillent sous le même toit, des synergies se créent, une dynamique particulière s'installe, les projets se développent plus vite...
Il faut offrir aux entreprises et à leurs collaborateurs une véritable « expérience » de travail
De retour en France en 2011, j'ai repris les clefs de « bureauxapartager.com », une plateforme que j'avais créée en 2007 et sur laquelle les entreprises pouvaient proposer à la location leurs espaces disponibles. L'air du temps était au partage avec le développement de futures stars comme Blablacar ou Airbnb. Et mes premiers pas dans le coworking en Californie continuaient de me trotter dans la tête.
Morning est donc né. Avec une idée forte : louer des espaces ne suffit pas. Il faut offrir aux entreprises et à leurs collaborateurs une véritable « expérience » de travail. Du coup, nous leurs proposons d'aménager leurs bureaux à la demande, nous organisons des évènements à caractère professionnel ou culturel...
Je suis en effet convaincu que l'on peut et que l'on doit prendre du plaisir au travail, et l'espace dans lequel on évolue y contribue fortement. Vivre dans une atmosphère créative, partager des compétences, s'amuser. Le boulot « c'est du taff, mais c'est du kiff ».
La résistance des managers au télétravail a volé en éclats.
La Covid ? Bien sûr, cette crise aura des conséquences. La frilosité quasi institutionnelle des entreprises françaises en matière de télétravail a été sérieusement entamée. La résistance des managers à laisser leurs troupes sans surveillance a volé en éclats. Mais attention. Je ne crois pas qu'une majorité des salariés du tertiaire puisse durablement s'abstenir de contacts humains deux, trois ou quatre jours par semaine.
La solution ? Développer des espaces de coworking, en dehors de l'hypercentre, plus proches des lieux d'habitation. Rendez-vous compte, la durée moyenne trajet domicile/travail est aujourd'hui de 1h28 minutes en Ile-de-France. C'est désastreux sur le plan environnemental et cela pèse lourdement sur la qualité de la vie quotidienne.
Une petite révolution managériale qui passe par une responsabilisation considérablement accrue des collaborateurs
Je rêve donc de développer ces lieux qui attireront autant les petites que les grandes entreprises. Ces dernières pourront ainsi proposer à leurs collaborateurs résidant dans une zone déterminée de travailler, disons à pas plus d'un quart d'heure de leur lieu d'habitation. Je sais, ce ne sera pas simple, car il s'agit là d'une petite révolution managériale qui passe par une responsabilisation considérablement accrue des collaborateurs. Mais j'y crois, car là encore, il s'agit de donner les moyens de prendre du plaisir à son travail. Mon obsession.
Se responsabiliser, c'est prendre des décisions, les appliquer et mesurer leur effet. Cet éclatement des bureaux peut y contribuer dès lors que la confiance sera installée entre dirigeants et salariés. Une confiance qui peut passer, entre autres, par l'implication des salariés dans le capital de l'entreprise. Morning le fait avec la proposition à ses 135 collaborateurs d'investir entre 2000 et 100 000 euros dans des titres à un prix préférentiel. Résultat, 60% d'entre eux se sont décidés pour un ticket moyen de 20 000 euros. Le plaisir au travail, c'est aussi la possibilité d’investir dans son entreprise et de, pourquoi pas, devenir riche !