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Interview de Jean-Patrick Mousset, responsable de l’allocation d’actifs à la Banque Transatlantique.
Les niveaux de marge des entreprises cotées américaines et européennes ont connu une forte hausse dans les dernières décennies. Ils se stabilisent aujourd’hui à des plus hauts niveaux historiques.
Quels sont les facteurs micro-économiques qui expliquent ces niveaux ?
Ces niveaux de marge ont pu être atteints premièrement par la capacité des entreprises à fixer leurs prix plutôt que de subir ceux du marché.
Cette capacité dépend entre autres :
- de leur part de marché plus ou moins forte, qui peut les conduire dans certains cas à des positions dominantes de fait,
- de leur technologie qui les démarque de la concurrence,
- de la force de leur marque.
Du point de vue des charges, le coût du travail a été contenu depuis plusieurs décennies par l’impact de la mondialisation des économies et l’arrivée sur le marché du travail d’une population active pléthorique. Le coût du capital lui, et particulièrement la charge d’intérêt, a pu être amoindri grâce à la baisse continue des taux depuis 40 ans. Le taux d’imposition des bénéfices s’est allégé.
Enfin, de façon plus conjoncturelle, ces deux dernières années, les entreprises ont pu en général répercuter les hausses de leur coût matières premières sur leur prix de vente. L’inflation a donc eu un effet de levier opérationnel positif sur les marges.
Comment expliquer ces niveaux de marge au niveau macro-économique cette fois ?
Au niveau macro-économique, les profits des entreprises bénéficient des dépenses effectuées par les ménages et les entreprises. Les dépenses des États que ce soit au travers d’aides ou de mesures de relance notamment, ont elles aussi un effet positif.
Par contre, les bénéfices se trouvent affectés si les ménages ou les entreprises épargnent au lieu de consommer. De même, si les États entament des politiques de restriction budgétaire et non plus expansionnistes.
Aujourd’hui, après la forte hausse due au Covid, les taux d’épargne sont revenus sur leur point bas. Suite aux aides d’État versées pendant le Covid, les ménages avaient en effet pu puiser dans leur surplus d’épargne, leur permettant de faire face aux hausses de prix.
Du côté des États, les déficits budgétaires ont fortement grimpé dans les pays développés durant les dernières décennies.
On a constaté enfin que les entreprises ont affecté leur génération de trésorerie davantage aux dividendes qu’en investissement. On a ainsi observé une baisse généralisée du taux d’investissement des entreprises dans un contexte de moindre concurrence.
Le niveau élevé de marge actuel est-il soutenable ?
Plusieurs facteurs ayant contribué à la hausse des marges durant la dernière décennie pourraient s’inverser :
- le ralentissement économique devrait favoriser la concurrence entre les entreprises et faire pression sur les prix ;
- le marché de l’emploi très tendu engrange une inflation des coûts salariaux ;
- la hausse des taux devrait à terme, si elle se maintenait, alourdir la charge financière des entreprises qui devront refinancer dans des conditions moins favorables leurs emprunts contractés lors d’une période de taux bas ;
- les ménages ont déjà puisé dans une bonne partie de leur épargne et ne pourront plus accepter les hausses de prix pratiqués comme ce fut le cas jusqu’à récemment ;
- enfin, confrontés à des niveaux d’endettement public devenus très élevés, les États mettent fin à leurs politiques budgétaires expansionnistes.
En conclusion, face à cette menace de baisse des taux de marge, il devient de plus en plus important de sélectionner, dans un portefeuille d’actions ou d’obligations, les entreprises et les secteurs qui disposent d’un pouvoir de fixation des prix suffisant pour maintenir leur capacité bénéficiaire.
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