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Interview de Tania Goncalves, gérante d’actifs chez Dubly Transatlantique Gestion.
Quel bilan économique et financier sur l’année 2023 ?
Le covid et le conflit russo-ukrainien ont plongé nos économies dans une spirale inflationniste obligeant les banquiers centraux à mener une politique restrictive agressive. Les taux n’ont jamais été aussi élevés depuis les années 2000.
Dans ce contexte inflation/hausse des taux que nous constatons depuis 2 ans, la question principale qui a dominé le début d’année 2023 concernait la soutenabilité de la croissance économique des pays développés dans un contexte de taux aussi élevés.
Quel bilan économique pour 2023 ?
Attendus avec une croissance molle, voire en récession, les États-Unis n’ont eu de cesse de nous surprendre avec une croissance publiée en rythme annualisée au 3e trimestre de 4,9 %, et pour l’ensemble de l’année 2023 estimée à 2,2 %, le tout en maintenant un ralentissement de l’inflation « core » à 4,1 % en septembre 2023. Cette résistance de l’économie américaine a été permise par :
- La résilience du consommateur américain qui a pu absorber les hausses de prix en puisant sur l’épargne constituée durant le COVID, estimée aujourd’hui à 800 Mds USD.
- Le soutien à l’industrie et à la transition énergétique au travers de deux plans d’investissements publics lancés en 2021 et en 2022 avec l’inflation Réduction Act. À ce jour, l’investissement manufacturier public et privé s’élève à 450 Mds $ par an, en croissance de 50 % depuis 2020.
- L’intelligence artificielle qui donne de nouvelles perspectives aux GAFTNAM (Google, Amazon, Facebook, Tesla, Nvidia, Apple et Microsoft) et rayonne sur l’ensemble de l’économie. Sur l’année 2023, ces valeurs ont créé plus de 2 600 Mds $ en bourse, équivalent à 1 fois le CAC 40. À terme, l’intelligence artificielle devrait permettre une croissance supplémentaire du PIB américain de 1 % par an.
Même s’il existe des disparités économiques, l’Europe a souffert d’une double dépendance de son modèle :
- Paralysie en début d’année. Par la même, la balance commerciale européenne est passée déficitaire, fragilisant l’euro ;
- Sa forte dépendance à la Chine comme partenaire commercial pèse sur notre économie, ce qui a conduit l’Allemagne en récession en 2023.
L’Europe devrait donc afficher une croissance de 0,5 % en 2023 avec un taux d’inflation « core » qui commence à décélérer à 4,5 % sur le mois de septembre.
En Chine, les anticipations de croissance sont une nouvelle fois révisées en baisse pour 2023 à 5 % et à 4,5 % en 2024. Au-delà de l’absence de transparence sur les données économiques chinoises, le modèle chinois semble en panne de croissance avec un marché de l’immobilier qui s’effondre et une consommation domestique qui peine à prendre le relais.
Comment les marchés financiers se sont-ils comportés jusqu’au 31 octobre de cette année ?
Après une année 2022 chaotique, les marchés financiers des pays développés ont traduit cette amélioration des économies avec une progression entre 10 % pour le MSCI Monde, 10 % pour le CAC 40, et 12 % pour le S&P 500, en Euro. Le NASDAQ affiche une croissance de 25 %, mais cela fait suite à une baisse de 28 % sur l’année 2022. Seul, le Hang Seng, l'indice de la bourse de Hong Kong affiche une baisse de 10 % traduisant les incertitudes sur la zone.
Du côté des obligations, l’année 2022 a souffert d’un véritable krach obligataire du fait de l’envolée des taux d’intérêt. En moyenne, le prix des obligations d’entreprises européennes a baissé de 14 % en 2022 ; aujourd’hui, ces obligations offrent des rendements annuels de l’ordre de 4 % sur un horizon de temps de 3 ou 4 ans.
L’indice pétrolier, le WTI, est resté stable au 1ier semestre. La coupe de 3,5 M de barils par jour en juillet a fait monter le prix du pétrole de plus de 20 $ à 95 $ le baril. Aujourd’hui, le retour des craintes économiques pèse à nouveau sur le cours du pétrole qui revient sur les niveaux de début d’année.
Quels pourraient être les risques pour les marchés financiers ?
- L’inflation et l’évolution des taux directeurs restent encore un sujet majeur de préoccupation pour la croissance économique. L’annonce en septembre par la banque centrale américaine d’une dernière possible hausse des taux en 2023 et d’un maintien prolongé des taux d’intérêt à un niveau élevé pour 2024 a fait baisser les marchés financiers de 6 à 7 % sur le mois.
- La bonne tenue des secteurs sensibles aux taux : comment le secteur de l’immobilier aux États-Unis peut-il se maintenir avec des taux hypothécaires à 30 ans supérieurs à 8 % et un coût d’emprunt qui est passé de 15 à 33 % du revenu disponible ? Quid du financement des États et des nouveaux projets d’investissements ?
- Les tensions géopolitiques avec la Chine, la Russie et plus récemment le conflit israélo-palestinien.
Après une année 2022 chaotique, l’année 2023 aurait pu être une année de récession dans un contexte combinant risque de poursuite de l’inflation et hausse des taux. Or l’Europe et surtout les États-Unis semblent faire preuve de résilience et sortir par le haut de cette situation, même si certains pays comme l’Allemagne par exemple ont davantage subi cette conjoncture. Dans ce contexte, il nous semble plus que jamais essentiel de concentrer nos investissements sur des valeurs de grande qualité, de croissance et d’innovation et peu sensibles aux risques de taux et tensions géopolitiques.
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