Comment est née cette entreprise qui va révolutionner le fonctionnement des data centers ?
D’un constat tout d’abord. La catastrophe nucléaire de Fukushima va tout d’abord cristalliser la prise de conscience de la grande consommation d’énergie par certains secteurs comme celui des centres de données. En 2016, les centres de données représentaient 5% de la consommation d’électricité, 3% des gaz à effet de serre et 626 milliards de litres d’eau. Cette même année, un tiers de la planète n’a pas accès à l’eau potable. En 2025, on estime que les centres de données représenteront 20% de la consommation de l’électricité mondiale, 10% des gaz à effet de serre et 1,300 trillard de litres d’eau. Pour produire 20% de l’électricité mondiale il faudrait 1 872 centrales nucléaires de 1 gigawatt, or si on veut continuer à construire des centres de données utilisant cette énergie, on ne sera pas capable de construire autant de centrales nucléaires. D’une solution ensuite. Pour faire face à la demande énergétique exponentielle des centres de données, la mission d’Immersion4 est de redéfinir le modèle du centre de données grâce à ses principes tout en préservant et améliorant les performances des data. Aujourd’hui, dans un centre de données traditionnel, l’électronique consomme 30% à 40% de l’électricité, tandis que son refroidissement représente 60 à 70%.
Quels sont les principes qui font d’Immersion4 une innovation ?
Nous proposons « d’immerger » l’électronique dans notre liquide permettant non seulement de faire des économies d’énergie, mais aussi de réduire considérablement la taille des centres de données. Nous avons développé une architecture qui permet l’intégration des centres de données à l’intérieur des villes afin de pouvoir collecter les données au plus près de leurs productions sans impacter les populations et lieux d’habitation environnants. Rapprocher les centres de données des milieux urbains permet de réduire les temps de latence pour les consommateurs finaux, et de réutiliser la chaleur digitale dissipée pour que celle-ci soit transformée et utilisée localement.
J’ai créé Immersion4 pour reconstruire une société basée sur les principes d’éco-conservation et de conservation environnementale. Nos produits ont été conçus pour être fabriqués localement suivant les notions d’économie circulaire, car nous sommes conscients que chaque produit en plus de sa valeur monétaire a aussi une valeur « empreinte carbone ». C’est pour cela que depuis le début, ils ne sont pas faits en Chine puis envoyés partout dans le monde. Nous produisons localement ce qui permet de créer de l’emploi. Jusqu’à maintenant les produits étaient faits en sous-traitance, mais afin de pouvoir maîtriser l’intégralité de notre offre nous sommes en train de construire notre propre centre de production. À partir d’octobre, le premier site de fabrication situé à Annecy assurera la production des premiers systèmes 100% Immersion4 dont tous les composants et matériaux sont collectés à moins de 100km.
Quelle vision pour immersion4, quel modèle en découle ?
L’objectif d’Immersion4 n’est pas de faire une méga société et de la revendre, mais d’avoir une croissance organique et qui dans le temps affirmera son business model contribuant à l’économie locale et la souveraineté nationale. C’est un modèle industriel générateur d’emplois sans émission de particule polluante, ni de CO2, ni de gaz à effet de serre (Source Pollutrak). Je souhaite en faire un modèle économique et industriel qui respecte et préserve tous les écosystèmes.
Nous vendons nos solutions à de gros clients tels que la SNCF, l’ENS, HPE et la ville de Las Vegas où nous avons établi notre siège nord-américain. Nous avons prévu de répliquer le modèle de production que nous mettons en place à Annecy, afin de faire de la R&D et de produire localement. Les produits et solutions Immersion4 ne sont pas vendus mais loués sous forme de contrat de leasing sur 3 et 5 ans, dont la particularité est d’inclure l’éco part et le recyclage.
Quels conseils pouvez-vous donner à un dirigeant qui souhaite créer une entreprise innovante sur le thème de l’écologie ?
Qu’il ait un vrai business model, et qu’il ne pense pas à la revente de son entreprise, qu’il pense vraiment à la croissance organique. Il faut qu’il ait la foi, une détermination sans faille, une humilité doublée d’une capacité de remise en cause sans limite, un énorme pouvoir d’écoute, une soif d’apprendre tout en sachant prendre des décisions la peur au ventre et que tout échec ou impasse n’est qu’un recommencement dont il faut tirer profit. Et qu’il n’oublie jamais qu’à la fin de la journée c’est lui qui devra faire face aux conséquences. Le fondateur c’est un solitaire dans l’âme qui doit savoir s’entourer et assumer toutes ses décisions. Enfin, en un mot, résilience, résilience, résilience c’est la clé du succès.
Pouvez-vous donner le nom de deux dirigeants inspirants sur les thèmes de l’innovation et de l’international ?
- Sur l’innovation : Éric Scotto, le fondateur de Akuo Energy, car dès 2007, il fonde ce qui deviendra un acteur indépendant majeur de la production d’énergie renouvelable.
- Sur l’international : Stéphane Aver, le fondateur de Aaqius, spécialisée dans le développement de standards technologiques de rupture « bas carbone » pour le transport et l’énergie et pionnier de l’hydrogène.
Repères biographiques
A évolué dans différentes sociétés de télécommunication et d’électronique en France et en Europe de 1990 à 2000. Au début des années 1990, il participe à l’intégration du secteur santé sociale chez Alcatel. En 1996, il implante « Livingston Enterprises » en Europe, vendue ensuite à Lucent Technology. Décembre 2017, il fonde Immersion4, une société spécialisée dans le refroidissement de l’électronique sous toutes ces formes.
En savoir plus :
https://www.immersion4.com/