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Après 10 ans de politiques monétaires expansionnistes et près de 10 000 milliards de dollars introduits dans le système financier, les banques centrales ont significativement baissé le coût de financement des entreprises. Tant du côté européen avec, pour LVMH, un taux d’emprunt en euro qui est passé de 4,3% à 0,12% pour une maturité à 7 ans, mais également du côté américain, avec un taux d’emprunt à 10 ans pour Microsoft qui est passé de 3,10% à 2,75% pour un emprunt en USD et de 2% à 0,6% pour un emprunt en euro.
Mais cette manne financière qui a servi de soutien aux économies, a aussi fait l’objet d’un usage détourné en finançant une politique de rémunération de l’actionnaire parfois excessive. En effet, en 2018 c’est plus de 1 500 milliards de dollars qui ont été reversés à l’actionnaire sous forme de dividendes et de rachats d’actions sur le S&P 500, portant à 6% le retour total offert à l’actionnaire.
Or, dans un environnement de taux bas, cette rémunération de 6%, répartie entre un dividende de 2,5% et des rachats d’actions de 3,5%, peut être perçue comme un véritable eldorado pour l’investisseur et a porté les marchés actions. On estime que cette politique de rachat a permis à elle seule une hausse de 15% sur les 5 dernières années.
Attention aux effets pernicieux de cette stratégie
Les dirigeants ont bien compris cette influence des rachats d’actions sur les marchés. De notre côté, nous y voyons deux travers :
Stratégie offensive avec des rachats d’actions visant à dynamiser le cours de bourse
C’est le cas notamment de Mc Donald’s, qui a racheté et annulé pour 26 milliards de dollars d’actions depuis 2015 et s’est engagé à maintenir ce rythme sur les trois prochaines années. Multipliant ainsi par deux sa dette nette.
Le résultat ne s’est pas fait attendre pour l’actionnaire, puisque le bénéfice par action a été multiplié par deux depuis 2011 alors qu’il serait resté stable sans ces rachats et annulations d’actions.
Dans le même temps, le cours de bourse a été mulitplié par 2,5.
Stratégie défensive avec des rachats d’actions visant à soutenir le cours de bourse
C’est le cas d’Iliad qui en dépit d’un Free Cash-Flow négatif sur les 4 dernières années, n’hésite pas à doubler son dividende et à procéder à des rachats d’actions pour un montant de 60 millions d’euros. Multipliant ainsi par 4 sa dette nette.
Mais cette politique a permis de limiter la baisse du cours d’Iliad en dépit de publications très décevantes.
Cette stratégie de rémunération de l’actionnaire par endettement est-elle pérenne ?
En effet, financer une politique de rémunération par endettement est possible dans un univers de taux bas. Le Groupe Mc Donald’s emprunte en euro à 1,3% pour une maturité 10 ans.
Néanmoins, en cas de ralentissement économique et/ou de dégradation de la notation de crédit, ces stratégies de rémunération de l’actionnaire par effet de levier risquent d’être difficiles à maintenir dans le temps.
Or, en cas de réduction du dividende ou des rachats d’actions, la sanction sur les marchés financiers ne se fera pas attendre.
Sans compter le risque d’arbitrage de ces actions dites « de rendement comme Mc Donald’s » en faveur des obligations en cas de remontée des taux.
Fort de ces constats, nous estimons que ces stratégies nous semblent risquées et nous sommes très réticents à l’égard des sociétés qui la pratiquent sur une trop grande échelle.
Merci pour votre attention et à très bientôt pour un nouveau point HorizonMarchés.