Un volume d’émissions de dettes record
L’ensemble des acteurs économiques profite de la baisse des taux, particuliers, entreprises ou États, tous préférant s’endetter lorsque les taux sont bas et réduire cet endettement lorsque les taux remontent.
Le fait est que s’ils ne remontent pas, comme cela a été le cas depuis la crise de 2008/2009, nous continuons à nous endetter tant que l’on nous prête. Les agents économiques étant rationnels, la dernière décennie a logiquement été le théâtre d’un volume d’émissions de dettes record.
Le montant de la dette mondiale est difficilement quantifiable, l’estimation allant de 184 000 milliards de dollars en 2017 pour le FMI à 230 000 milliards de dollars pour l’Institut de la Finance Internationale (IFI, l’Association des grandes banques et institutions financières mondiales).
Le point commun de ces estimations réside dans le fait qu’elles sont unanimes sur le caractère historique de ces données qui se situent sur un plus haut jamais atteint auparavant. La dette publique représente environ un tiers du montant de la dette totale selon le FMI, le reste étant constitué de la dette du secteur privé (ménages et entreprises).
Il est important de noter que l’essentiel de la hausse de l’endettement, sur la période 2007-2017, provient des pays émergents, passant d’un niveau d’endettement de 145% du PIB à 210% (source IFI).
Sur la même période, les pays développés ont connu une hausse « modérée » de 6,7% à hauteur de 382% du PIB.
Cette stabilité apparente du ratio dette/PIB provient également de la hausse du
Jusqu’à quel niveau un agent économique peut-il s’endetter ?
Cette question ne trouve de réponse que dans le degré de flexibilité/complaisance dont fera preuve celui qui prête.
La baisse des taux permet au particulier d’emprunter plus (réduction du coût du crédit) et plus longtemps. Cependant, un particulier qui n’a comme source de financement « que » sa banque, va être soumis à des règles strictes qui vont limiter sa capacité d’endettement.
Le revenu devra souvent couvrir au minimum trois fois le coût des intérêts et du remboursement du capital.
Récemment, le Haut Conseil de stabilité financière a notamment demandé aux banques d’accroître leurs fonds propres, jugeant la croissance du crédit trop rapide en France, ce qui pourrait menacer la stabilité financière. Cette alerte prouve que l’endettement des particuliers reste très encadré, la crise de 2008 étant passée par là.
Une entreprise et un État, qui bénéficient d’une diversité de modes de financement beaucoup plus larges qu’un particulier, avec notamment les marchés financiers (actions ou obligations), pourront s’endetter de façon beaucoup plus importante.
L’OCDE estime à près de 13 000 milliards de dollars le montant de dettes d’entreprises non-financières au niveau mondial, à fin 2018, soit le double du niveau de 2008.
Une situation qui préoccupe la Banque de France. Selon une récente étude de S&P Global Ratings, la dette des sociétés françaises atteint aujourd’hui 175% du PIB contre 135% il y a 10 ans. Toutes les catégories d’entreprises ont participé à ce mouvement, et notamment, les multinationales françaises et des sociétés publiques. S&P Global Ratings cite l’exemple d’EDF qui a vu sa dette passer de 28 à 63 milliards d’euros entre 2007 et 2017, SNCF Réseau de 28 à 55 milliards ou encore LVMH qui est passé de 12 à 24 milliards, sur la même période.
Les prêteurs ont-ils été trop laxistes ? Quelle qualité de crédit ?
Certaines entreprises (S&P, Moody’s, Fitch, etc.) se sont spécialisées dans l’analyse de la qualité de « crédit » des émetteurs. Il est important de noter que la qualité de « crédit » d’un État ou d’une entreprise se détermine par une analyse financière fine et il est préférable de se faire sa propre opinion.
Cependant les notations des agences nous permettent d’analyser l’évolution du marché à travers le temps. Le constat est sans appel, les émissions de dettes de sociétés de moindre qualité, financées par des investisseurs à la recherche d’un rendement supérieur aux taux négatifs de la dette d’État, ont fortement augmenté.