En mai, la crise politique italienne a relégué au second plan les autres évènements macroéconomiques et géopolitiques. Les victimes du populisme continuent de se multiplier des deux côtés de l’Atlantique, en passant par certains pays en voie de développement. L’Italie est le dernier pays majeur à intégrer cette liste.

Gouvernement italien : un feuilleton à rebondissement

Après la surprise créée par les élections législatives du 4 mars dernier, la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (antisystème) se sont chacun retrouvé en situation de gouverner. L’élaboration d’un programme commun, pour des partis aux antipodes, a créé de nombreuses tensions tout comme la constitution d’un gouvernement. Après plusieurs mois de tractations, frôlant l’échec à plusieurs reprises, une coalition s’est finalement formée le 31 mai entre les deux partis au sein d’un gouvernement dirigé par le juriste indépendant Giuseppe Conte.

La troisième économie de la zone euro a fait trembler les marchés financiers (toutes classes d’actifs confondues) mais la réaction a été plus importante sur les marchés obligataires.

L’Italie demeurera à court terme dans une situation compliquée

Le taux d’intérêt à 10 ans de l’État transalpin est passé de 1,7% au plus bas sur le mois à 3,14% au plus haut, un quasi-doublement reflétant un mouvement de panique qui rappelle la crise de 2011/2012 où les taux étaient passés de 4,2% fin 2010 à 6,6% en novembre 2011.

Néanmoins, même si la situation du pays n’est plus la même qu’il y a sept ans, le pays demeurera à court terme dans une situation compliquée. Les mises sous surveillances de Moody’s pourraient inciter les acteurs politiques italiens à s’entendre ou chercher un consensus afin d’éviter une crise institutionnelle, une intervention de la Banque centrale européenne et une défiance durable vis-à-vis de l’Italie.

L’Espagne de nouveau confrontée à une crise politique

De manière quasi-concomitante, l’Espagne est confrontée de nouveau à une crise politique avec une motion de censure adressée à M. Rajoy.

Le taux à 10 ans espagnol est ainsi passé de 1,25%, le 3 mai, à 1,62%, le 29 mai. L’IBEX a baissé deux fois moins que le MIB (-7% entre le plus haut et le plus bas du mois). Le risque de contagion semble néanmoins contenu avec des problèmes spécifiques dans chaque État ; les pays périphériques ne formant pas un bloc homogène et uniforme.

Changement de braquet de l’OPEP

Les difficultés de la Vieille Europe ont failli masquer le changement de braquet de l’OPEP sur les quotas de production d’or noir. Les craintes de voir un baril retrouver les 80 $ ont alarmé les différents acteurs économiques et expliquent le relâchement des quotas par l’OPEP ainsi que la déclaration du ministre russe confirmant qu’un niveau de baril à 60 $ était tout à fait convenable pour le pays.

Ainsi, montée des populismes en Europe du Sud, montée de l’inflation par le biais du prix du baril et des indicateurs économiques qui marquent le pas, dessinent un environnement économique complexe. Ces forces contraires rendent plus complexe encore l’action des Banques centrales.