De prime abord, toute baisse des prix du pétrole devrait être bonne pour les affaires. Elle permet en effet de redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs et d’accroître les capacités d’investissement des entreprises.
Mais ces baisses, à priori positives, ne semblent plus saluées par la bourse.

Pourquoi ?

Février 2016, le cours du pétrole chute de 60% à 26$ sous l’effet conjugué du retour de l’Iran sur les marchés internationaux et de la décision de l’Arabie Saoudite d’augmenter sa production.
Les pays producteurs comme l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis mais aussi la Norvège se sont retrouvés en grande difficulté pour équilibrer leur budget. Ces pays n’ont eu d’autres choix que de puiser dans les réserves de leurs fonds souverains, c’est-à-dire vendre massivement des actions pour boucler leur budget.

La baisse forte du pétrole a aussi eu pour effet de mettre en difficulté les petits producteurs de pétrole notamment américains.
Or, ces derniers avaient pour financer leurs investissements émis beaucoup d’obligations qui ont rapidement trouvé grâce aux yeux des investisseurs institutionnels en quête de rendement. Mais avec la baisse des cours du pétrole, les risques de faillite se sont accrus considérablement poussant les investisseurs à vendre ces obligations avec de fortes décotes (entre -20% et -30%).

Cependant au plus fort de la crise en 2016, lorsque les cours du baril tombaient à 26$, les vendeurs ne trouvaient aucun acheteur et ont donc été contraints de vendre d’autres actifs liquides, pour faire face à leurs échéances ou à leurs engagements (appel de marge). Ces « deux courants vendeurs », accentués par les ventes programmées par ordinateur, ont fait baisser les cours des actions de 15% à 25% sur les 6 premières semaines de 2016.

Fin 2018, mêmes causes mêmes effets ?

Les cours du pétrole passent de 85$ à 50$ en moins de 3 mois. Les analystes attribuent cette baisse à plusieurs raisons : ralentissement économique mondial dû entre autres choses à la guerre commerciale en cours entre les États-Unis et la Chine, les autorisations temporaires d’importations de pétrole iranien (6 mois) accordées par les États-Unis à certains pays (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie, Grèce), ou encore les pressions du président américain sur les pays producteurs pour qu’ils augmentent leur production et donc fassent baisser les cours.

Quelle qu’en soit la raison, la baisse des cours du pétrole a encore une fois eu des répercussions néfastes sur les bourses mondiales (au quatrième trimestre 2018 le MSCI Monde a baissé de 14%). Comme en 2016, la rentabilité des petits producteurs de pétrole baisse et entraîne la chute des cours de bourse et des obligations du secteur.

Contrairement à 2016, la baisse des cours du pétrole n’a pas été l’unique raison de la baisse des marchés. En 2016, la baisse des cours du pétrole n’a eu des répercussions que sur les secteurs pétrolier et financier.

En 2018, l’ensemble des secteurs de la cote ont baissé, les causes étant bien plus liées aux craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale qu’à un simple excès d’offre de pétrole.