Vous êtes dirigeant d’entreprises depuis plus de vingt-cinq ans. Selon vous, la philanthropie doit-elle faire partie intégrante de l’engagement de tout entrepreneur ?
Il me semble qu’il s’agit d’abord d’un engagement personnel qui, souvent, commence bien avant d’accéder à des responsabilités. Il y a dans notre pays beaucoup de philanthropes qui ne sont pas des entrepreneurs au sens économique du terme.
De mon point de vue, un entrepreneur est une personne créative qui a besoin pour réussir d’un niveau élevé d’engagement. Il serait regrettable que la philanthropie ne fasse pas partie de cet engagement.
Vous soutenez la réinsertion de personnes ayant connu la prison grâce à l'association L'Îlot. Qu'est-ce qui vous a décidé à vous engager en faveur de cette cause ?
Je me souviens que la lecture des « Misérables » m’avait beaucoup marqué et il est vraisemblable que mon engagement pour cette cause y trouve son origine. D’autre part, en famille comme à l’école jésuite, la conscience des autres, le partage et l’écoute étaient des sujets majeurs.
J’ai croisé l’association L’Îlot il y a plus de 20 ans, leurs objectifs et leurs actions m’ont paru particulièrement concrets et adaptés, mais, ayant peu de temps disponible, je me suis contenté de contribuer financièrement à leur travail.
Depuis quelques années, le groupe Aquarelle, que je dirige avec mon frère, s’est engagé davantage sur ces questions en soutenant l’association SPILE de manière directe, c’est-à-dire en proposant des solutions concrètes quand cela est possible.
En 2019, votre entreprise Aquarelle a proposé la vente d'une bougie au profit de la Fondation Maladies Rares. Quelle est la genèse de cette opération ?
À la différence des grands groupes qui dirigent généralement leurs actions de mécénat vers une thématique précise et dans la durée, Aquarelle soutient des projets très diversifiés.
La personnalité des porteurs de projets est pour nous un critère important. Je connaissais très bien le Directeur Général de la Fondation Maladies Rares, le professeur Daniel Scherman, dont l’extrême compétence sur les sujets scientifiques et la grande modestie sont très appréciées des mécènes.
L’opération est née en 2019, suite à nos échanges et à une envie personnelle de faire quelque chose de grand et de créatif pour aider les 3 millions de personnes concernées en France. Nous avons proposé au groupe M6, qui soutient de nombreuses causes (dont SPILE), un projet de sensibilisation aux maladies rares.
M6 a offert de l’espace sur ses chaînes de télévisions et radios, Aquarelle a créé la bougie et apporté son réseau de distribution. Le produit a été vendu au profit de la recherche dans le domaine des maladies rares.
Pourriez-vous nous raconter ce qui vous a touché dans le projet porté par la Fondation Maladies Rares dont vous êtes également l’un des grands donateurs à titre personnel ?
Les maladies dont s’occupe la Fondation sont rares et donc très peu connues du grand public. Elles ne bénéficient pas d’une grande exposition médiatique, ce qui rend très difficile la recherche de fonds. Mais ces maladies, comme je l’ai découvert, sont très nombreuses et touchent des millions de personnes.
Comment impliquez-vous vos collaborateurs dans votre projet de mécénat d’entreprise ?
Au sein de l’entreprise, les actions de mécénat que nous développons sont non seulement très appréciées, mais aussi largement soutenues par l’ensemble des collaborateurs, et plus particulièrement celles qui touchent directement nos métiers comme le commerce équitable, par exemple.
Repères biographiques
Henri de Maublanc est président de Clarisse SA qu'il a fondé en 1985. Il est co-président fondateur du groupe Aquarelle.com, leader en Europe de la vente de fleurs sur Internet et présent aujourd’hui dans 7 pays.
Henri de Maublanc avait auparavant dirigé le développement du « Nouvel Observateur » (1984/1985), dirigé la campagne française pour la Coupe de l’America (1981/1983). Il a commencé sa carrière chez Exxon (1977).
Il a été président de l'ACSEL (Association pour le Commerce et les Services En Ligne) de 1994 à 2008.
Henri de Maublanc est diplômé de l’École Polytechnique à Paris (1972) et de l’École Nationale des Ponts et Chaussées (1976).
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