La Banque Transatlantique donne la parole régulièrement à des philanthropes engagés.

Aujourd'hui, Maurice Tchenio, fondateur de la Fondation AlphaOmega, nous présente son action philanthropique en faveur de l’éducation en France.

Comment vous est venue l’idée de créer la Fondation AlphaOmega ?

Lorsque j’ai cédé mes parts de la société que j’avais créée (Apax Partners), il y a 10 ans, j’ai souhaité m’investir dans l’intérêt général. Je me suis alors demandé s’il était possible de transposer mon expérience du Private Equity pour apporter une réponse au problème de l’échec scolaire et ainsi relancer l’ascenseur social.

J’ai étudié la question et j’ai découvert que cette démarche existait déjà aux États-Unis. C’était la « Venture Philanthropy », un concept formalisé par la Harvard Business School qui consistait justement à appliquer les principes du Private Equity (la sélection et le développement de structures à fort potentiel de croissance entre autres) à de grandes causes caritatives. En France, personne n’avait adopté cette approche totalement novatrice.

Vous avez impliqué votre famille dès le début du projet, était-ce pour vous une condition essentielle pour que la Fondation soit un succès ?

Je ne pouvais concevoir un projet tel que la Fondation AlphaOmega sans impliquer mon frère Roland et mon fils Romain. La famille, c’est la continuité, la pérennité.

Pour réussir dans sa mission, la Fondation doit s’inscrire dans la durée car le combat pour éradiquer le décrochage scolaire se jouera sur le temps long.

La famille est une entité agile. Elle m’a permis d’apporter les fonds nécessaires au lancement de ce projet sans dépendre de l’accord d’autres parties prenantes.

La Fondation AlphaOmega vient de fêter son 10ème anniversaire. Quels sont les enjeux des 10 prochaines années ?

Au départ nous souhaitions modestement apporter notre pierre à l’édifice en renforçant ponctuellement des associations sur une période de 3 à 5 ans, mais après 10 ans nous avons changé radicalement d’optique et visons l’éradication de ce fléau en convaincant financeurs, associations et pouvoirs publics d’unir leurs forces.

L’enjeu est de taille pour les 10 ans à venir : nous assurer que les 7 associations - sélectionnées pour leur efficacité mesurable aux moments charnières de décrochage scolaire - atteignent chacune, non plus 10% mais 50% de leur cible de jeunes issus de milieu modeste. Et nous pensons que c’est possible maintenant que nous avons notre solution et que nous savons comment la faire grandir.

Pionnière de la « Venture Philanthropy » en France, votre fondation accorde depuis sa création une attention très grande à l’impact social des projets soutenus. Quel regard portez-vous sur l’efficacité du secteur ?

Il est naturel pour celui qui fait un don, de vouloir que son argent soit utilisé de la manière la plus efficace et d’avoir la preuve de son bon usage. Chaque année, nous mesurons la progression accomplie par les associations soutenues en termes qualitatifs, quantitatifs, de pérennité, et de croissance.

Dans le secteur de la philanthropie, le recours au financement ou au mécénat de compétences sur des projets nous paraît proposer un impact social moindre que d’agir sur la structuration des associations à long terme afin de maximiser leur impact social et espérer résoudre un problème sociétal d’ampleur.

Une réalisation récente d’AlphaOmega dont vous êtes particulièrement fier ?

Notre grande fierté est d’avoir réuni, au sein de notre solution intégrée de prévention et de remédiation à l’échec scolaire, les plus importantes associations au niveau national et que cet ensemble commence à développer des synergies internes qui, à terme, devraient renforcer notre système.

Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’aborder le problème de l’échec scolaire de manière globale tout en travaillant à faire grandir l’impact de chacune des associations mais aussi de rendre leur action incontournable dans le domaine de l’éducation en complément de l’Éducation nationale.

Repères biographiques

Diplômé d’HEC et de la Harvard Business School, Maurice Tchenio a été l’un des précurseurs du Private Equity dans le monde en créant Apax Partners en 1972, avec Alan Patricof et Sir Ronald Cohen.

Maurice Tchénio est le fondateur d’Apax Partners en France, un des principaux acteurs de ce secteur, et d’Altamir, société cotée de Private Equity. Il est à l’origine du premier Fonds Commun de Placement à Risque (FCPR) créé en France et de l’Association Française des Investisseurs en Capital (AFIC) devenue France Invest.

En 2010, il décide de mettre son savoir-faire en structuration et croissance des organisations au service de l’intérêt général et crée la Fondation AlphaOmega, pionnière de la Venture Philanthropy en France. Sa mission : faire changer d’échelle les associations éducatives les plus performantes afin d’accélérer la relance de la mobilité sociale en France.

En savoir plus :
https://www.alphaomegafondation.com/fr/