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Horizon marchés : Le RCEP : « l’accord de libre-échange du siècle »
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Le RCEP en anglais : Regional Comprehensive Economic Partnership C’est l’accord de libre-échange du siècle et celui de tous les records. Il englobe une zone économique qui pèse pour un tiers de l’économie mondiale (plus de 30% du PIB mondial) et regroupe 2.2 milliards de personnes, devançant ainsi l’ALENA qui regroupe les États-Unis, le Canada et le Mexique (14% PIB mondial) comme l’Union européenne (19% du PIB mondiale). À l’issue d’un sommet de 4 jours à Hanoï, les 16 pays partenaires ont signé le 15 novembre 2020, ce partenariat qui prévoit l’élimination de 90% des tarifs douaniers entre pays membres et des règles communes pour la propriété intellectuelle.
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Il réunit les 10 pays de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud Est avec l’Indonésie, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, les Philippines, Vietnam, la Birmanie, le Cambodge, le Laos et le sultanat du Brunei) ainsi que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Un grand absent : l’Inde qui a quitté les négociations en 2019 craignant d’être noyée sous les produits made in China.
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L’idée a été lancée il y a huit ans par les pays membres de l’ASEAN, et visait à mettre à plat et clarifier des traités croisés préexistants. Le RCEP se concentre principalement sur l’abaissement des barrières tarifaires. Il vise effectivement et quasi uniquement une diminution des droits de douanes sur près de 91% des marchandises (hors biens agricoles) échangées entre les pays concernés. La simplification des procédures douanières et surtout l’unification des règles d’origine avec un seul certificat pour la quasi-totalité de l’Asie, vont contribuer au développement des chaînes de valeur régionales. La signature de l’accord facilitera également la stratégie chinoise de délocalisation à l’échelle de la région de la production manufacturière à faible valeur ajoutée. Nous sommes loin d’une approche globale car il élude les perspectives « progressistes » concernant le secret industriel, la circulation des personnes et des travailleurs, les droits de propriété intellectuelle ou encore la protection de l’environnement.
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Le Peterson Institute for International Economics, un think tank basé à Washington, a calculé que la signature du RCEP pourrait générer un surplus de près de 164 milliards de dollars d’ici 2030 pour les seuls pays asiatiques, soit environ 0,3% de leur revenu réel. Si normalisation des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine il y a, cette dernière serait le premier bénéficiaire de cet accord, avec un surplus de revenus de près de 85 milliards de dollars à l’horizon 2030. Le Japon et la Corée du Sud suivent avec des gains respectifs attendus de l’ordre de 48 et 23 milliards de dollars soit un accroissement de 1% de leur revenu réel. Au niveau géopolitique, le RCEP démontre le choix des grandes économies du Pacifique en faveur du libre-échange, contre le protectionnisme. Il divise le QUAD, l’alliance indopacifique voulue par Trump pour isoler la Chine (Australie, Japon, États-Unis et Inde). Il dessine plus nettement les contours d’un ordre commercial mondial de plus en plus régionalisé ou fragmenté. Enfin il renforce la puissance et le rôle de la Chine en Asie.
En conclusion, cet accord est une preuve supplémentaire, s’il en faut, du déplacement du centre du monde de l’Océan Atlantique vers l’Océan Pacifique. Et ce qui peut nous laisser songeur c’est le peu d’échos de ce traité en Europe ou aux États-Unis : espérons que ce n’est pas la preuve d’un décrochage (amplifié peut-être par la pandémie) d’un monde occidental qui ne saurait pas se remettre en question. Le RCEP est un des aspects de la volonté de la Chine de vouloir intégrer son économie au « village monde ». Il faut voir qu’il s’inscrit dans une stratégie plus globale qui intègre également les routes de la soie, vaste projet d’infrastructure qui permet à la Chine d’étendre sa toile sur tous les continents et de s’assurer une position dominante par les crédits consentis à ses partenaires.