Facebook s’appelle désormais META
Le 28 octobre 2021, le groupe de réseaux sociaux Facebook (Facebook, Instagram, Whatsapp) annonce officiellement son changement de nom. L’entreprise (aux quelques 700 milliards de dollars de capitalisation) s’appelle désormais META pour afficher sa nouvelle ambition de devenir le leader du métavers (« metaverse » en anglais).
Fin janvier, Satya Nadella (patron de Microsoft) partage à son tour ses ambitions aux investisseurs. Le groupe entend lui aussi devenir un acteur central du métavers qu’il voit comme le prolongement naturel de ses activités de cloud et d’intelligence artificielle. L’annonce intervient seulement quelques jours après l’officialisation de l’offre d’achat qu’il a faite sur l’un des plus grands éditeurs de jeux vidéo Activision Blizzard pour près de 70 md$.
Début février, c’est Sony qui fait parler de lui. Le groupe rachète l’éditeur Bungie (pour 3,6 md$) notamment connu grâce à ses franchises de jeux vidéo de science-fiction Halo et Destiny. Enfin, toujours début février, on apprend que Carrefour ajoute son nom à une longue liste d’entreprises ayant acheté un terrain virtuel sur le métavers de The Sandbox pour 300k€.
Mais au fait... qu’est-ce que le métavers ?
Le mot métavers vient de la combinaison du mot grec « méta » (au-delà) et du mot « univers ». Utilisé pour la première fois dans un roman de science-fiction en 1992, il sert aujourd’hui à décrire le concept de mondes virtuels persistants accessibles en ligne et partagés par de nombreux utilisateurs.
Le métavers peut donc être comparé à l’univers d’un jeu vidéo dans lequel se promènerait votre avatar1 à la différence qu’il est « persistant ». En d’autres termes, l’univers de votre jeu vidéo continue d’exister lorsque vous arrêtez votre ordinateur. Il n’existe donc pas un mais une multitude de métavers en développement (chez Méta, The Sandbox, Decentraland…) ayant pour but d’accueillir votre avatar.
Ces métavers « persistants » sont en train de générer une nouvelle notion de propriété : celle de la propriété digitale. L’entreprise The Sandbox met ainsi en vente des éléments virtuels de son métavers comme des terrains, des bâtiments et même un yacht. Pour garantir la propriété d’un élément digital, ces groupes utilisent la technologie NFT (Non Fungible Token)2 inscrivant la propriété d’un élément dans une Blockchain.
Côté équipement, ces métavers sont (ou seront) accessibles simplement depuis votre ordinateur même s’ils sont bien souvent promus avec des lunettes de réalité virtuelle afin de rendre l’expérience plus immersive.
Et demain à quoi s’attendre ?
Y-a-t-il réellement un avenir radieux pour le métavers ?
La réponse à cette question relève aujourd’hui d’un pari. Nous voyons s’opposer ceux qui croient et qui créent (Meta, Microsoft, The Sandbox…) à ceux qui ne croient pas à l’émergence de ce « nouveau monde ».
Parmi les principaux détracteurs, on retrouve Elon Musk, patron de Tesla, pour qui le métavers n’est qu’un « buzzword
D’autres encore, comme LVMH et Carrefour, semblent y participer timidement pour rester attentif à ce qu’il s’y passe et ne pas rater le coche si le mouvement venait à se développer.
Enfin, certains insistent sur les problèmes technologiques loin d’être résolus ainsi que sur les questions de consommation énergétique engendrées par ces mondes virtuels.
Dans les faits, Meta a lancé son projet de casque de réalité virtuelle, Oculus, il y a exactement 10 ans. Bien que la technologie ait grandement évolué depuis la première génération de casques sortis en 2016, on peine encore à trouver des applications révolutionnaires hors du jeux vidéo et du divertissement.
L’utilisation par le grand public de cette technologie, de plus en plus accessible, reste donc toujours hypothétique, alors que le groupe a déjà investi 10 milliards de dollars en 2021 dans ce chantier bien onéreux.
Or, selon les termes de Mark Zuckenberg, le PDG de Meta, « notre cap est clair mais le chemin pour y parvenir n’est pas parfaitement défini ». En d’autres termes, il reconnaît lui-même que le métavers est un gouffre financier dont les contours à venir ne sont pas encore parfaitement identifiés.
La Bourse, pour sa part, suit avec intérêt les annonces sur ces avancées mais semble pour l’instant sceptique. Les cours de bourse de Meta et Carrefour ont ainsi évolué défavorablement le jour de l’annonce de leurs investissements dans le métavers. Pour notre part, nous suivons également ce mouvement de près mais adoptons la même position que LVMH ; nous n’investissons ainsi pas dans le métavers, d’autant que l’essentiel du développement de cette infrastructure, s’il se réalisait, se fera par le biais d’entreprises que nous détenons déjà en portefeuille telles que Microsoft et Nvidia.
Achevé de rédiger le 07/02/2022 par Marin Louvigné, gérant de portefeuilles au sein de Dubly Transatlantique Gestion.